Depuis deux ans (2012), je travaille comme assistante de recherche à l'ISEM avec Jacques Cassaing.
Nos études portent sur une espèce de souris méditerranéenne Mus spretus, ou la souris à queue courte. Je suis chargée du travail de terrain qui consiste principalement à du suivi de population grâce à la méthode de capture marquage recapture. Nous avons de nombreux sujets d'étude sur cette espèce. En particulier nous nous intéressons à son système de reproduction, en effet il semblerait que cette espèce soit monogame ce qui est assez rare dans le règne animale. La démonstration de cette monogamie est un travail de longue halène, en parallèle nous nous intéressons à d'autres aspects de la vie de cette souris.
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En ce moment nous essayons de comprendre les relations qui existent entre Mus spretus et le mulot sylvestre (Apodemus sylvaticus). Ces deux espèces partagent souvent le même habitât : En milieu ouvert comme la garrigue on trouve les deux espèces. En milieu fermé comme la forêt, on trouve seulement le mulot:
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Une autre étude consistait à comparer leur alimentation en faisant une analyse isotopic de leur poils et de graines trouvées sur le terrain: et il a été montré aussi qu'elles ont un régime alimentaire très proche.
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Pourtant on ne constate pas de compétition entre elles, le mulot bien plus grand pourrait attaquer la souris et on constate lors des captures multiples que ce n'est pas le cas.
Cela va contre la notion de niche écologique (chaque espèce a sa place dans l'écosystème: son habitat, alimentation, période de vie sont unique dans l'écosystème) Peut-être que le partage de l'habitat se fait en hauteur (le mulot grimpe et saute) et celui de la nourriture se fait en fonction de la taille et de la dureté des graines.
Mais peut-être aussi qu'il y a un avantage pour une ou les deux espèces à vivre ensemble.
Quand on place des pièges avec un mulot ou un appât normal (pâte de sardine), la souris est plus attirée par le mulot.
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L'interprétation de cette expérience est que la souris utilise le mulot comme indicateur de bon habitat. Comme il est plus grand et qu'il se déplace plus en hauteur il peut peut-être plus facilement explorer le milieu jusqu'à trouver un bon endroit. La souris pourrait être adaptée pour le repérer et le suivre.
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La souris peut donc peut-être trouver un avantage à vivre avec le mulot, mais est-ce qu'il y a un avantage pour le mulot aussi ou bien se fait il berné par la souris? Il est possible que la souris ait évolué de façon à imiter l'odeur du mulot, se faire passer pour un jeune auprès de lui et donc éviter les agressions.
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La première question pour mieux comprendre leur relation est :
Est-ce que le mulot fait la différence entre une souris et un jeune de son espèce (avec un oeil d'humain ce n'est pas facile en tous cas!). Pour cela on met en place deux expériences qui mettent en jeux le comportement des animaux et qui nous procureront peut-être un élément de réponse
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L'expérience c'est un test de choix: on propose deux "attracteurs" une souris et un mulot, à un mulot et on regarde si il a une préférence ou si il passe autant de temps à renifler les 2. Si il y a une différence de temps c'est qu'il fait la différence sinon peut-être pas.
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L'expérience montre que le mulot a une préférence pour le mulot adulte face à la souris mais ne montre pas de différence entre un jeune mulot et une souris.
Pour compléter cette étude,il y a quelques autres expérience que l'on pourrait faire:
Proposer deux mulots: un jeune et un adulte (avec comme résultat attendu: choix de l'adulte)
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Autres expériences complémentaires: Vérifier que le mulot n'est pas attiré par la souris dans un milieu favorable pour lui (forêt).
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Et aussi: faire une sorte de cafeteria: proposer plein de sorte de graines de différentes taille, dureté et installer un piège-photo (appareil qui prend des photos quand il y a du mouvement). Peut-être arrivera-t-on à voir si les mulots prennent des graines plus grosses et plus dures que les souris...